Envie de causer rapidement de Pandora's tower, probablement mon jeu préféré de toute la gen' psii360 (et l'un de mes jeux favoris tout court). Tu joues Aeron, un soldat qui en pince pour Elena. Problème : Elena vient d'être maudite. Elle se transforme lentement mais inexorablement en monstre. Le seul moyen de ralentir le processus est de lui apporter de la chair de démon mineur dont elle doit se nourrir (chair à avaler crue bien sûr, sinon c'est pas drôle). Et pour enrayer définitivement le phénomène et lever la malédiction, il existe une solution : Elena doit dévorer les cœurs des maîtres des treize tours (des démons eux aussi). Evidemment, pour rapporter ces précieux cœurs, Aeron doit se rendre dans chacun des treize donjons, s'y frayer un chemin, et détruire les fameuses bestioles.
Le titre s'articule autour de deux grands axes : un jeu de donjons, et un jeu "relationnel". La partie donjons : tu évolues dans un environnement hostile à puzzles façon Zelda. Chaque donjon possédant son lot d'énigmes et se concluant par un affrontement contre l'hôte du lieu. Y a une dimension course contre la montre dans ces phases puisqu'une jauge de transformation t'indique en permanence à quel point Elena est en train de perdre son humanité. Si tu ne rentres pas à temps de l'une des expéditions dans les treize tours pour la nourrir, la transformation en Elena en démon sera complète et elle sera perdue à jamais.
La partie relationnelle consiste essentiellement à parler avec Elena, à la soutenir, et à lui offrir des choses pour lui changer les idées. Ces phases sont très tranquilles côté gameplay, mais pas moins intenses émotionnellement que les donjons puisqu'il faut composer avec l'apparence parfois véritablement monstrueuse d'Elena, ou avec le fait qu'elle prend de plus en plus goût à la dégustation de chair démoniaque... Cette partie détermine l'état d'une jauge d'affection qui influe directement sur la fin qu'obtiendra le joueur.
Il s'agit d'un jeu très aride sur chacun de ses deux pans. La partie donjons est géniale et épurée : tout ou presque se joue et se solutionne à la chaîne (l'arme de Aeron). Tu combats avec elle, tu te protèges avec elle, tu résouts les énigmes avec elle; tu extirpes les chairs démoniaques avec elle. La partie relationnelle est tout aussi sèche, avec finalement deux directions possibles : tu négliges Elena, cherchant davantage à la sauver par devoir que par amour, ou tu lui consacres énormément de temps, en dépit du dégoût qu'elle peut susciter aux pires moments de sa malédiction. Ou tu restes à cheval entre les deux, l'attitude générale du joueur déterminant grandement l'épilogue qui sera obtenu. Très routinières, ces parties restent passionnante à jouer puisqu'elles interrogent de façon très pragmatique ton rapport à l'amour et à ce qui le définit.
C'est un titre formidable, avec une atmosphère réellement très sombre (au joueur d'y apporter une touche de lumière...), et dont l'austérité ne plaît pas à tout le monde. Personnellement je trouve que ce côté très brut sert énormément le jeu, et laisse toute latitude au joueur pour y projeter sa propre imagination, tant dans les donjons que dans les phases sentimentales. Et il peut se targuer de faire partie de ce club très fermé des deux/trois jeux qui justifient à eux seuls pleinement l'existence du duo nunshuck/wiimote.
