Loop8 est, on ne va pas se mentir, un jrpg capable d'attirer grâce à sa mignonne petite trogne et son univers japonnais des années 80 qu'on phantasme un peu tous. Comme souvent chez les seconds couteaux, le manque de moyen va se faire sentir un peu partout. En revanche, contrairement à certains de ses confrères d'infortune, l'execution et les bonnes intentions ne suffiront pas à combler ce manque.
Comme l'indique le titre, l'univers se base sur un système de boucle temporelle. Fraichement débarqué de la lune, notre but sera de se faire des copains tout en se débarrassant de la menace des Kegai, sorte d'esprits plus ou moins malveillant prenant possession des pensées impure d'une personne. Et dans ce monde peuplé de dieux/déesses, esprit ou Kegai, la bénédiction accordée par les uns ou les autres n'est pas forcément positive.
Comment tout cela peut-il bien s'articuler ? Via un calendrier et un chronomètre, tout simplement. Chaque journée sera régie par le temps, à raison d'un réveil à 6h et d'un couché n'excédant pas 3h, 1 minute en jeu valant une seconde chez nous. Défilant sans discontinuer à chaque entrainement/ativité/téléportation, le calendrier sert aussi d'ultimatum et, chaque jour, une action de la part d’un Kegai nous sera décrite (il sort, il se ballade, etc) et au bout de x jours, c'est la fin du monde. Les discutions lambdas obtiennent un passe droit, du moment qu'elles ne déclenchent pas un évènement.
Et ces discutions, parlons-en justement car pas de miracles, pour se faire des potes, faut causer. Et pas de raccourci à base de cadeau dans Loop8, ici, on cause à la dure. En apostrophant le quidam, deux possibilités : ce dernier balance quelques tirades ou il balance une phrase et on vous donne le choix d'orienter la conversation. Le développement et la caractérisation des personnages passent par les tirades tandis que votre choix n'amène aucun dialogue en particulier. Entendons nous bien, c'est dans le deuxième cas que l'on gagne la majorité des points d'amitié/amour/haine... Le truc étant que choisir de discuter ou de charrier n'amènera que des réponses bateaux du type ''Cool''/''Pas cool.'' Les choix restent nombreux (ils s'en débloquent au fil des affinités) et ne sont pas complétement spamable grâce à l'humeur changeante des pnjs ainsi que la demande nécessaire en énergie et en endurance mais c’est un système assez particulier vu que ça demande une bonne dose d'abstraction. Au début, ça fonctionne d’ailleurs pas mal en pratique.
Dommage qu’au fil des boucles, et notamment en ng+, il devient infernal de simplement demander aux autres de nous accompagner (histoire de, au hasard, affronter les Kegai) : pour ”raccourcir” le farm, les dév’s ont eu la bonne idée d’inclure des bénédictions accordant divers avantages de manière permanente, affinité comprise. Du coup en début de boucle, nos choix de dialogues tendent à disparaitre aux profits des tirades et il n’y a pas grand chose de plus pénible que de se croire dans un Track & Field lorsqu’on se retrouve à devoir en passer une quinzaine en bloc afin d’atteindre le graal du choix. Car oui, le saut rapide de dialogue, ben il est lent en fait... Question ergonomie générale, compte tenu du principe de recommencement du jeu, j'accorde un zéro pointé.
Les bastons intégrent aussi des notions de sentiments, avec des alliés qui agissent seul en fonction, avec leurs propres petites IA. Si tout le monde s'aime, les buffs et protections pleuvent tandis que si la discorde règne, nos attaques haineuses font beaucoup de dégats mais renforce les boss dans la foulé, qui ne se gêneront pas pour attaquer plusieurs fois en un tour dans ces moments là. Deux autres particularités sont à noter : un allié qui tombe au combat ne peut être réanimé et disparait définitivement de la boucle tandis que notre perso au sol signifie un bête gameover. Le jeu n'est pas très dur dans l’ensemble mais reste long, car tout prend du temps irl. Les personnages parlent tous avant chaque attaque, les boss se plaignent chaque fois qu’un quart de leurs vie est retranché, ce genre de truc. C'est un rythme très particulier et en toute franchise, je suis content de ne les voir que comme une cerise plutôt qu'en surnombre balançant du trash.
Dommage qu’au fil des boucles, toute notion de difficulté tend à disparaitre vu la prépondérance qu’on nos stats dans les batailles. Le système semble assez stratégique au premier abord, notamment avec cette histoire de sentiment qui renforce ou apaise l’ennemi, reste que ce n’est pas du tout le cas en pratique et qu’on se contentera allègrement de balancer la dernière attaque débloquée afin de gagner sans transpirer. Ces affrontements n’ont lieu que de le monde d’en bas, réplique de l’original mais avec des couleurs chelous à la place d’un ciel bleue, de kegai remplaçant les humains et quelques barrières à lever. Une par boss et par chapitre. Le truc ”marrant”, c’est que ces protections nécessites d’avoir des magatamas qui sont, bien évidement, disperssé dans toute la map. Donc cette map, va falloir l’arpenter de long, en large et en travers. Jusqu’à l’écoeurement. Et plus encore, puisque la fonction de téléportation n’est disponible que dans le monde d’origine.
En terme d'histoire, Loop8 peut faire valoir son univers assez sympa. Ce monde qui se veut bucolique n'hésite pas à jouer du violon pour nous faire verser nos larmes et ma foi, entre la da et la petite ost mignonette, ça fonctionne un temps. Dommage cependant de céder à ce point à la facilité du violon. Dommage également d'avoir un casting n'ayant strictement aucun intérêt, en plus de n'avoir rien à dire (les atternoiments de la dame robot et les dialogues du profs savant sont les meilleurs représentant du manque d'inspiration le plus total des développeurs). Dommage encore de laisser le lore à ce point sur le bord de la route. On descend de la lune. Super. Pourquoi ? Comment ? Le monde est attaqué par des Kegai. Super. Pourquoi tout le monde vit pareil ? Pourquoi y a pas une info ou deux en parlant ? Pourquoi personne n'a peur ? En un mot comme un cent : tout fait toc. Vide.
Je vais m'octroyer un petit mot concernant la fin aussi. Et faites gaffe car j'y vais pas à moitié.
Un des principe du jeu étant de se faire des copains, il y a d'énormes chance que vous tombiez dans le même piège que moi, à savoir aimer la terre entière. A cela, deux problèmes :
- ça va bloquer le nombre de fins/épilogues disponibles. Ca a l'air anodin car la True End sera présente mais cela reste indiqué nul part et le prétendant sera bloqué sur une personne en particulier. Mieux, le jeu nous encourage à faire des poutous partout tout en oubliant de nous proposer de refuser les avances et ce permet malgré tout de choisir ''par défaut''. Réultat, seul les harems sont ''autorisés" et cela m'a posé un petit soucis moral en plus de me casser les noix pour choisir librement ma dulciné/mon destin.
- cette fameuse personne prioritaire est très importante mais... elle est clairement dérangée. Donc notre personnage, pour coller un peu à tout ça, va vivre ce final en contrepied du joueur : il sera mélancolique s'il sauve le monde sans elle et sera heureux s'il le détruit pour elle. Alors okay, je comprend l'idée. Reste qu'après tout les efforts fait pour se faire bien voir de tous, ça sonne tellement à coté de la plaque que ça en est vexant. D’ailleurs, petite étrangeté que je n’ai guère comprise, notre cher héro ne parle qu’en tout début et en toute fin de partie. Il est muet tout le reste du jeu.
Il m'aura fallu 3 boucles pour en faire le tour (3 fins, dont la True End, et un seul épilogue (j'ai fais les autres sur youtube :p)), soit 15h d'après la switch, seul compteur que j'ai de disponible puisque celui interne au jeu ne s'arrête pas lors d'une mise en veille de la console. Et je ne peux décemment pas me résoudre à le conseiller, même à des amoureux des titres fauchés ou à moitiés cassés. Sortie de la da, tout est à jeter. Les combats sont basiques et lents, les personnages inintéressants, les dialogues sont insipides, le farm de points de copinage n'est guère passionnant, les boucles temporelles nous violentent avec ses problèmes d’ergonomies, la technique est particulière avec une fluidité correcte mais des animations hachées en même temps et j'en passe. Loop8 possède, je le regrette, malheureusement trop de défauts pénibles à mes yeux.