Mon avis sur : Harmonie : The Fall of Reverie que j'ai fait sur Steamdeck, dispo toutes les plateformes récentes.
Je rappelle que c'est le dernier jeu de Dontnod (Life is Strange), studio français.
Premiers temps, je suis enchantée : graphismes et DA au top pour un Visual Novel, bons effets sonores, musiques mystérieuses, doublages des voix en Anglais, et une traduction française ! (car marre de faire des VN en Anglais sans voix) et des options intéressantes d'accessibilité. Les personnages en fausse 2D sont animés avec des expressions faciales, et on trouve un super Codex pour appréhender le lore 🥰
L'histoire reste intéressante, bien qu'un peu bourrée de clichés. Un arbre à embranchements : j'adore !!!
Et là, c'est le drame.
Alors je suis ouverte sur tout, mais là, je ne m'attendais pas à une écriture inclusive comme cela dans un VN.
1er constat : Ah, ils utilisent l'écriture inclusive pour les personnages de l'autre dimension, pourquoi pas, cela leur donne une aura de mystère.
2e constat : Ben c'est quand même con de ne pas genrer certains qui ont un nom masculin en Français, un corps dessiné masculin et une voix masculine (et inversement). Bon, et là, le personnage est androgyne, ça va, sauf qu'on entend encore trop une voix masculine, mais admettons.
3e constat : l'écriture inclusive est utilisée au final même pour des personnages de la dimension principale : certains sont non-genrés ; de plus en Français même avec des personnes genrées, on va avoir de l'écriture inclusive, c'est-à-dire que si on a un personnage masculin et un personnage féminin, lorsque l'on va parler d'eux, il va être utilisée "toustes", "cellui", etc. pour ne pas avoir un pluriel avec le masculin qui l'emporte sur le féminin.
Alors j'en ai un peu rien à foutre de l'écriture inclusive sur Twitter par exemple, mais là, cela me gêne dans la lecture, et la traduction anglaise n'est pas du tout du même acabit.
Pourquoi ? Parce que le pronom They est utilisé pour non-genrer la personne mais aussi pour le pluriel. Le They a une origine véritable par rapport au iel car il a été choisi par plusieurs auteurs anglais du 19e pour parler d'une personne dont on ne connaissait pas le genre (et ces auteurs ont été repris par l'académie de l'époque qui leur a imposés le "he" dans ce cas, des andouilles qui ont donné la même engeance que ceux qui ont changé le Covid contre la Covid - j'attends toujours qu'on dise la Cancer).
Ensuite, par rapport au Français, l'Anglais a beaucoup de mots neutres qui n'ont pas été changés comme "All", "The Whole" au lieu de "Toustes", ou encore les adjectifs comme "deseperate" au lieu de "désespéré.e.s".
Donc pour dire "Le grand-père et sa petite fille (genrés) sont desespérés" et "la créature (sans genre) est désespérée", on va avoir en Français dans ce jeu : "Iels sont désespéré.e.s" et "Iel est désespéré.e"
Et en Anglais dans ce jeu : "They are desesperate" et "They are desesperate" (donc pas de marque de genre ou de choix de pluriel particulier pour le premier, et pour le second un They qui peut être intéressant pour mettre de la distance avec une créature d'un autre monde, mais qui ne gêne pas la lecture comme avec les points). A noter que d'habitude on utilise "They is" pour une seule personne non-genrée, comme quoi ces choix ne sont même pas définitifs...
Bref, autant j'aurais trouvé intéressant l'écriture inclusive sur uniquement les personnages de l'autre monde, autant, là, j'en ai assez.... et je passe en Anglais (ce qui correspond de plus aux exacts mots du doublage). Le pire étant qu'en Français, l'écriture inclusive est parfois oubliée. Donc on a un Gloubi-boulga, quoi, faudrait savoir, et tiens-donc, les méchants - pourtant composés d'hommes, de femmes, et de personnes non-genrées - sont assimilés à un pluriel masculin : "Ils".
Néanmoins, ce n'est pas illisible pour le profane, loin de là, car des expressions ont été modifiées pour éviter d'être obligé de mettre ces choix dans chaque paragraphe.
Non, le pire, c'est le :
2e drame, l'arborescence et les choix qui sont mal fichus
Le jeu est sans cesse stoppé pour nous ramener à l'arborescence pour nous montrer des pseudos choix possibles en fonctions de points dans des domaines acquis ou à gagner ou même à perdre, sans que la stratégie que l'on veut adopter soit claire. La fluidité et l'immersion sont dès lors énormément mises à mal, et ce bien davantage que par les choix d'écriture d'inclusive auxquels on peut s'habituer. C'est vraiment la première fois que je fais un VN où les saynètes sont bien trop courtes.
De plus, la rejouabilité est mauvaise car il faudra recommencer tout le jeu plusieurs fois si on veut voir les autres choix puisque ceux si restent fermés une fois non-pris. Sachant que le jeu fait une dizaine d'heures, ça ne donne pas vraiment envie.
Je ne comprends pas comment des défauts aussi évidents ont pu être ignorés.
L'enchantement de la première demi-heure est passée, c'est bien dommage.
Mon avis définitif :
Les + :
- la forme sur le plan technique
- le Codex
Les +- :
+- C'est bien gentil l'inclusion des personnes non-genrées, mais les gros et les handicapés qui sont bien plus nombreux proportionnellement, ben ya pas. Ni même de personne un peu moche, moins lisse, quoi.
+- L'écriture inclusive discutable.
Les - :
- Peu d'environnements et de décors au final.
- Les dialogues, le scénario, les personnages sont creux alors que les augures étaient favorables.
- L'arbre de choix sans choix logique et peu ergonomique.
- Ce jeu n'est qu'une façade, de l'esbrouffe. Parce qu'il aborde des thèmes à la mode comme la maternité assumée non désirée, ainsi que des erzatz de personnages symboliques déjà vus dans des séries ou même dans le Pixar Vice Versa, on a l'impression que le studio - sous couvert de personnages militants à deux centimes d'euros -se croit mature et intelligemment moderne. Eh bien pas du tout.
Conclusion :
A réserver pour les 14-20 ans, et encore je pense qu'ils s'ennuieront.
Je ne comprends pas les bonnes notes, surtout que les VN jap' généralistes essaient de moins faire du fan-service et d'avoir une profondeur de personnages de plus en plus fouillée avec parfois des thèmes courageux. Je crois que c'est vraiment mon dernier Dontnod pour le coup, car Twin Mirror m'avait déjà extrêmement déçue.
Note : 3/10, J'ai mal à ma "French Touch"